Vent Debout - Découvrez l'interview des scénaristes
Nickye et Grégory, Alice et Olivier, ou Robert sont tous épris de voyage, de découverte et de liberté. Mais peut-on encore vivre libre dans ce vaste monde ? Par l’entremise de trois récits, inspirés d’histoires vraies, les auteurs de Vent Debout se penchent sur ce rêve partagé par beaucoup mais vécu par peu. Découvrez l’aventure de cette famille qui parcourt le monde ou de ce couple de navigateurs enlevés par des pirates, deux fois !
Lisez dans cette article l'interview de Grégory Jarry et Nicole Augereau, les scénaristes de cette bande dessinée qui vous fera voyager de chez vous.
Jusqu’à quel point les récits de votre BD Vent Debout sont inspirés d’histoires vraies ?
Un ami voyageur nous a raconté un jour l’histoire d’un couple de navigateurs allemands qui a été par deux fois arraisonné par des pirates et qui a connu une fin tragique aux Philippines. Nous avions trouvé l’histoire incroyable parce que la réalité dépassait la fiction et que nous n’aurions jamais imaginé ça pour un scénario. Nous avons décidé de raconter leur histoire en la transposant chez un couple de Français.
Nous-mêmes, Grégory et Nicole, voyageons en famille depuis plusieurs années, nous leur avons donc associé nos propres histoires de voyage ou celles racontées par d’autres voyageurs. Toutes les histoires de Vent Debout sont vraies mais souvent transposées pour les besoins du récit. Le voyage n’est pas seulement un déplacement sur la planète pour découvrir de nouveaux lieux, rencontrer de nouvelles personnes, c’est aussi un cheminement dans les histoires de ces lieux et des gens qu’on y croise. Les deux sont intimement liés, et c’est ce que raconte Vent Debout. Un voyage sans histoire, dans tous les sens du terme, serait complètement plat, autant rester chez soi !
L’histoire de ces touristes allemands qui a inspiré celle d’Olivier et Alice vous a-t-elle fait reconsidérer vos envies de voyage ?
Pas du tout, car leur fin tragique est une exception ! Nous vivons dans des sociétés corsetées, la liberté est abandonnée au profit de la « sécurité » ce qui fait que tout le monde a peur, les médias et les compagnies d’assurances en font leur miel ! Le voyage permet de retrouver une liberté fondamentale, qui certes comporte une petite part de risque, mais ça vaut le coup car on se sent tellement plus vivants. C’est une des questions centrales de notre livre : les voyageurs croisés dans le récit jonglent à des degrés divers avec cette prise de risque, mais ils ne sont jamais inconscients ni naïfs.
Pourquoi avoir inclus de vraies photos dans l’album ?
Notre série précédente, publiée au Éditions FLBLB, Voyages en Egypte et en Nubie de Giambattista Belzoni (prix Cheverny de la Bande dessinée historique), utilise les gravures orientalistes du début du XIXe siècle, qui étaient très prisées à l’époque. On a remarqué qu’elles avaient le même statut que la belle photo de voyage d’aujourd’hui, lisse, uniforme, photo qui ne signifie plus rien de la beauté du monde tant elle a envahi nos vies par le biais des écrans et de tous moyens d’expression (cinéma, pub, médias, jeux vidéos). Nous avons utilisé ces dernières pour trouver une forme plastique hybride, avec un dessin jeté qui vient mettre le bazar dans ces photos, les salir, les contredire. Bref : un dessin qui les ramène à la vie et rend les paysages représentés de nouveau « désirables ».
L’album a-t-il été écrit au fil des voyages ou lors d’une longue escale, d’un retour ?
L’album a été écrit au retour d’un voyage en Asie du sud-est qui a duré 6 mois et qui nous a amenés en Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos, Vietnam, Japon et Indonésie. C’est dans cette dernière escale que nous avons choisi de situer le récit de Vent Debout (du moins le récit central de la famille en voyage). Durant le voyage, nous avons pris pas mal de notes, fait des dessins et beaucoup de photos. Au retour, après acceptation du projet par les Éditions Delcourt, nous avons écrit le scénario d’une traite.
La difficulté a été d’agencer les 3 récits enchâssés, avec des résonances entre chacune des parties, et de parvenir à transposer dans ces 3 récits les innombrables histoires de voyageurs que nous avions récoltées. En tant que scénaristes, nous nous partageons le travail en fonction de notre affinité avec les scènes à écrire.
Point important : les pages du scénario sont envoyées à mesure de l’écriture à Lucie Castel, la dessinatrice avec laquelle nous entretenons une relation très étroite. Elle fait le premier découpage de l’histoire à mesure que nous l’écrivons, puis nous revenons sans cesse avec elle sur ce que nous avons écrit, nous modifions, biffons, réécrivons, tandis qu’elle redessine, déplace des cases, change des photos, etc. Dans notre travail, le scénario n’est pas détaché du dessin, nous obtenons une forme d’écriture à 6 mains où ce qui nous importe le plus est la fluidité de la lecture.
Au fil de vos voyages, avez-vous trouvé matière à un futur projet ?
Les voyages sont une source inépuisable d’aventures et d’histoires, ce n’est pas un hasard si autant d’écrivains prennent pour objet d’écriture leurs propres voyages ! Tous les livres que nous avons faits avec Lucie Castel sont d’une manière ou d’une autre inspirés de nos voyages. Ces 2 dernières années nous avons passé un an en Amérique Latine avec nos enfants (Nicaragua, Guatemala, Colombie et Brésil) et nous avons récolté des histoires tout aussi surprenantes que celles qu’on nous a racontées en Asie. Nous réfléchissons pourquoi pas à un second tome pour Vent Debout qui se passerait en Amérique du Sud. A suivre !
