Maltempo - Découvrez la nouvelle BD d'Alfred
Après Come Prima et Senso, Alfred clôt en musique sa trilogie italienne. Maltempo est une comédie dramatique. Un récit traversé par l’idée du rêve auquel on s’accroche avec la force du désespoir.
Il y a dix ans, paraissait Come Prima. Il y a quatre ans, Senso. Et maintenant Maltempo. À quel moment les trois ont-ils commencé à former une trilogie ?
Un livre porte souvent en lui les germes du suivant, sans qu’on ne s’en aperçoive au départ...
Quand j’ai commencé à travailler sur Come Prima, j’étais retourné vivre en Italie depuis la naissance de ma fille, et j’avais rempli de nombreux carnets de notes dans lesquels s’entremêlaient souvenirs d’enfance, anecdotes familiales et réflexions personnelles sur mon rapport à ce pays dont je suis, pour moitié, composé...
Ce sont ces notes intimes qui ont servi de trame au récit.
C’est une fois cet album achevé que j’ai ressenti le besoin de poursuivre le voyage dans ce que j’appelle mon « Italie affective ». Il y avait dans mes notes une foultitude d’éléments et de souvenirs qui n’avaient pas leur place dans Come Prima mais qui semblaient déjà amorcer un autre récit, celui qui est devenu Senso.
La même chose s’est à nouveau produite tout de suite après ce livre, avec cette évidence que j’avais encore des histoires à raconter, à me raconter à partir de tous ces fragments. Et c’est Maltempo.

Ces trois histoires proviennent du même endroit : mon rapport intime à l’Italie. Mythologie familiale, lieux authentiques que je réinvente, souvenirs d’enfance... J’ai composé en liant tous ces éléments très disparates, parfois espacés entre eux de dizaines d’années ou de centaines de kilomètres.

Toute cette matière est devenue le terreau affectif dans lequel j’ai pioché l’essentiel des ingrédients qui ont composé ces albums. C’est ce qui me donne à penser que, bien qu’indépendants les uns des autres, ces trois livres forment une trilogie.
Quelle est la part de tes souvenirs personnels en général dans ton processus créatif ?
Ils préexistent à tous mes récits de fiction.
Pour écrire, j’ai avant tout besoin de l’appui d’éléments et d’ingrédients dont je suis très proche. Plus le temps passe et plus je m’aperçois, d’ailleurs, que je fonctionne de la même manière, qu’il s’agisse d’un livre de deux cents pages ou d’une histoire courte dans un magazine. C’est cette matière intime et « authentique », qui me donne envie d’inventer des histoires. Depuis des années, je tiens donc des carnets que j’appelle mes « vide-tête » et dans lesquels je note quotidiennement souvenirs, rêves, choses vues ou entendues, réflexions... C’est ici que je stocke toute une matière dont la plus grande part sont des souvenirs personnels.
Parfois simples fragments, ces prises de notes se sont accélérées depuis que j’ai démarré tout un travail de « récolte » intime, à travers des séances d’hypnose.

La fin de cette trilogie italienne, est-ce une page qui se tourne ?
C’est surtout la sensation de boucler une « manière » de raconter des histoires.
L’essentiel de ces trois livres vient de ces carnets de notes dont je parle et avec lesquelles je me suis autorisé à prendre des libertés. Cet entre-deux d’équilibriste entre souvenir/vécu et fiction, correspond à un besoin que j’avais d’aborder les récits par le prisme de mon rapport intime à certains des sujets qui les traverseraient. La famille, la paternité, l’imprévu qui chamboule une vie, le désir, ce qui nous porte ou nous paralyse...

Je ressens maintenant l’envie d’essayer de nourrir un autre « vocabulaire » et de voir où cela pourra m’emmener. Il s’agira sans doute de creuser plusieurs pistes en même temps.

L’une plus frontalement autobiographique (comme j’ai un peu commencé à le faire avec ce que j’appelle les « micro-bascules », sur Instagram), l’autre en essayant d’aller plus directement dans des univers qui me seraient, en apparence, éloignés.
Toutefois, l’Italie restera très certainement au cœur de pas mal de projets...