Très chers élus – Une enquête sur les financements des élus
De Sarkozy à Mélenchon en passant par Macron, Elodie Guéguen et Sylvain Tronchet enquêtent sur l’argent du pouvoir dans la bande dessinée Très chers élus - Enquête sur 40 ans de financement politique.
Pour faire campagne et accéder au pouvoir, il faut beaucoup d’argent. Et les commentateurs s’aventurent rarement dans les arrière-cuisines des partis. C’est là pourtant qu’Élodie Guéguen et Sylvain Tronchet, journalistes à la Cellule investigation de Radio France, nous entraînent pour éplucher les comptes de nos très chers élus.
Louis-Antoine Dujardin : Quelles ont été les premières enquêtes que vous avez faites sur le sujet ?
Élodie Guéguen & Sylvain Tronchet : La première affaire sur laquelle nous avons travaillé ensemble est celle des assistants parlementaires européens du MoDem. La Cellule investigation de Radio France était créée depuis peu. Macron venait d’être élu, François Bayrou, son ministre de la Justice, lance sa grande loi sur la probité en politique… et un de nos collègues nous parle d’un livre de Corinne Lepage où elle raconte sur quelques paragraphes que le Modem lui avait demandé de mettre à disposition du parti un assistant parlementaire payé par l’Europe. C’est le point de départ d’une enquête qui va aboutir à la démission de trois ministres : Bayrou, de Sarnez et Goulard.

Quels sont les exemples de dérives les plus parlants auxquels vous ayez été confrontés ?
Les “Tupperwares” de billets de Didier Schuller en sont une parce qu’ils montrent le côté artisanal et “pieds nickelés” de ces opérations. Les séances du conseil constitutionnel où Roland Dumas explique aux “Sages” qu’il va falloir mettre un mouchoir sur leur serment montrent aussi l’ampleur du désastre… Et puis il y a aussi ces témoignages d’autres politiques qui dénoncent ces agissements, courageusement.


Est-ce facile de mêler la satire et l’enquête ?
Le journalisme ne s’exerce pleinement que dans la critique du pouvoir. Quel qu’il soit. Et de tout temps, les rois ont eu leurs satiristes dont le rôle était d’exercer cette fonction d’utilité publique. Ce sont les politiques eux-mêmes qui ont diabolisé la satire pour mieux pouvoir s’en protéger en expliquant qu’elle ne saurait être une critique sérieuse. Cette BD est d’abord un travail journalistique rigoureux, appuyé sur des faits, des révélations. Que ces faits incontestables donnent lieu à une satire est au fond un juste retour des choses.
Interview extraite de Bande-Passante avec la participation d'Elodie Guéguen et Louis-Antoine Dujardin