Tillie Walden, nouvelle autrice de Walking Dead - Clementine
L’autrice plébiscitée Tillie Walden (deux fois lauréate d’un Eisner Award) dévoile ici le premier tome de sa trilogie mettant en scène Clementine, l’héroïne des jeux vidéo Walking Dead, dans un récit envoûtant et intimiste.
Tillie, vous êtes connue pour écrire et dessiner vos propres personnages. Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de vous lancer dans ce projet et de plonger dans les univers de Clementine et Walking Dead ?
J’étais enthousiaste à l’idée d’entrer dans le monde de Walking Dead, notamment parce que c’est un univers complètement différent de tous mes projets passés. Tous mes précédents livres étaient vaguement autobiographiques, assez doux et délicats. L’idée de dégommer des rôdeurs, et d’écrire des personnages si profondément façonnés par la survie, me paraissait fascinante. Et puis, en écrivant Clementine, j’ai découvert de nombreux points communs entre son histoire, l’apocalypse et ma propre vie.
Votre méthode en tant que scénariste et illustratrice diffère de celle de la plupart des auteurs et autrices. Vous ne faites pas de scénario et vous préférez vous lancer directement dans la mise en page, en quoi cela vous aide-t-il ?
Mon dieu, je déteste les scénarios. J’ai l’impression que la compétence des auteurs de BD réside dans la synthèse du processus de dessin et d’écriture. Pour moi, séparer les deux revient à ne plus vraiment faire de bande dessinée. Bien sûr, je définis les grandes étapes du livre avant de commencer, principalement pour que mon éditeur sache que j’ai une idée de là où je vais, mais ensuite, comme vous l’avez dit, je me lance directement dans la mise en page du livre, sans scénario ni story-board.
Cette méthode fonctionne pour moi pour plusieurs raisons. Ça m’oblige à construire visuellement l’histoire dès le départ, et souvent mes meilleurs moments d’écriture et d’intrigue sont inspirés par une image que je dessine. C’est aussi plus rapide. C’est pratique quand tu essayes de donner aux lectrices et lecteurs un livre chaque année (Clementine sera une série en trois volumes).
Enfin, le fait d’écrire et de dessiner en même temps me permet de laisser naturellement plus de place à mon art : j’inclus beaucoup plus de pages muettes que je ne le ferais si j’écrivais un scénario en amont. « Dessin de plage, pas de texte », ce n’est pas très évocateur dans un scénario, mais quand je vois le dessin, je peux sentir la plage et je sais que ce dessin a toute sa place dans l’histoire.
Quelles sont vos plus grandes sources d’influence en tant qu’autrice (comics, films, jeux, etc.) ? Qu’est ce qui vous inspire ?
Je m’inspire énormément des séries. Ma mère a travaillé pendant 30 ans pour HBO et j’ai grandi en regardant des séries qui me dépassaient peut-être un peu, comme Six Feet Under, que je regardais avec mon père quand j’étais au collège. La télévision est si visuelle, ça m’a appris beaucoup en narration. Dernièrement, les séries qui m’ont vraiment inspirée sont Unbelievable, La Servante Écarlate, Unorthodox, Euphoria. Vous noterez des points communs à toutes ces séries : des femmes, des personnes queer, et un mélange de traumatismes, de conflits et de survie. J’adore les séries. Le fait qu’ils puissent utiliser de la musique dans leur narration est probablement la seule chose qui me manque dans la bande dessinée. J’aimerais que mes livres aient leur propre bande son !
Comment pensez-vous que vous vous en sortiriez en cas d’apocalypse zombie ?
Alors, comme l’un des personnages que vous rencontrerez dans le livre, ma vue est ma plus grande faiblesse. Sans mes lunettes, je suis complètement aveugle. Et en ce moment, je n’en ai qu’une seule paire. En supposant que je ne me prépare pas, ça pourrait être un gros problème. Je pense que je casserais mes lunettes dans les trois premiers mois.
Mais mon gros avantage, c’est que ma femme et moi vivons dans les bois, dans une partie rurale du Vermont. Notre maison est sur une colline, avec une belle vue qui nous permet de voir les gens arriver. Notre route est difficile à trouver, et on est entourées de choses qui peuvent nous aider à survivre : des animaux à manger, du bois pour le feu et notre eau vient d’un puits.
J’ai beaucoup réfléchi à tout ça. J’imagine que la clé pour survivre serait de former une alliance avec nos voisins et de trouver un moyen de construire une barrière dans les bois et les collines afin d’arrêter les rôdeurs. Donc, je pense avoir 50 % de chances de survivre la première année. Et si je la passe, je crois que je serais capable de survivre sur le long terme.