Renaud né sous le signe de l’Hexagone - Interview du dessinateur Gaston
La vie du chanteur populaire est intimement lié aux éditions Delcourt précisément depuis La Bande à Renaud qui illustre ses chansons. Renaud, né sous le signe de l'Hexagone prend le parti cette fois de raconter l'homme derrière les textes. Cette biographie en BD, signée Bertrand Dicale et Alain Gaston Remy, réussit le tour de force d'être sans concession et pourtant emplie d'une tendre et sincère affection pour l'artiste. Découvrez ci-dessous l’interview du dessinateur !
Renaud fait partie de nos histoires intimes. C'est aussi vrai pour les fans, vos lecteurs que pour votre éditeur*. Qu'en est-il pour vous ?
Gaston - Bien sûr. Je suis également un auditeur du chanteur depuis mon adolescence. Renaud est un chansonnier qui raconte autant nos petites vies que la vie dans l’Hexagone. Je suis juste de celui qui a aujourd'hui la chance de faire cet album, et ainsi de rendre à cet artiste exceptionnel ce qu'il a donné pendant toute sa carrière. C'est un peu une façon de le remercier au nom de tous ses fans.
* La Bande à Renaud paru en 1986 est un des premier succès du catalogue Delcourt.
Comment s'est faite votre rencontre avec Bertrand Dicale et la conception de ce livre ?
Nous devions au départ travailler sur un autre projet. C'est Vincent Bernière (éditeur), l’autre accoucheur de ce projet chez Delcourt qui m'a suggéré de le rencontrer. Je l'ai contacté via Internet. Bertrand a tout de suite été très partant, lui qui est également un amoureux de la bande dessinée et qui voyait là l'occasion d'en faire une. Guy Delcourt, qui doit un de ses premiers succès à un de ses livres sur Renaud, également.
Bertrand a ensuite travaillé comme à son habitude, de façon très rigoureuse et intelligente, et en assimilant très vite les codes de la bande dessinée. Il me fournissait scénario et documentation, et je faisais mon storyboard et mes dessins comme avec n'importe quel scénariste.
Nous nous sommes très bien entendus. Il faut aussi souligner l'exceptionnel travail de Marie Favantines à la couleur. Les coloristes sont souvent la dernière roue du carrosse et c'est bien dommage que leur travail ne soit pas plus valorisé.
Renaud a dit "Pas de censure !" mais n'avez-vous pas été tentés de vous auto censurer pour ne pas égratigner l'idole ?
On doit toujours faire attention à la formulation de nos idées. Mais tout ce que nous racontons se trouve déjà dans des biographies traditionnelles et sur Internet. On n’invente rien. Ce qui était plus délicat, c'était d'inventer des situations, des conversations entre certains protagonistes (ex: Renaud et sa femme), alors qu'on n'y était pas. Il y a forcément un risque quand il s’agit de représentation graphique. Mais globalement c'est un livre qui a été fait avec beaucoup de bienveillance vis-à-vis de l'artiste, mais vu son parcours, et ses démons, c'est sûr qu'il y avait toujours un risque.
Avez-vous eu des retours de lecture de ses proches ? Une connivence d'auteur avec sa fille Lolita ?
Renaud a dit d'entrée "Pas de censure" quand je l'ai rencontré. Mais Lolita, que je vois un peu comme la futur gardienne du temple de son père (un petit peu comme Charlotte avec Serge Gainsbourg), a voulu quand même lire le livre pour s'assurer qu'on ne racontait pas trop de conneries. Elle a eu une lecture très attentive et bienveillante et a plus été une aide qu'une censure pour nous. Elle est autrice de bandes dessinées aussi, et elle connaît les contraintes, et les limites de la narration en BD.
Elle a fait valider les corrections par son père, et nous avons pu finir le travail en toute quiétude. Il faut dire que Bertrand était en relation avec David, le frère de Renaud, et moi avec Pierrot son assistant. On avait donc des garde-fous.
L'adage dit : "On ne doit jamais rencontrer ses idoles". Est-ce que ça se vérifie ?
Franchement ça aurait pu être une mauvaise surprise de le rencontrer. Dans ces cas là, on a très peur d'être déçu, autant que de décevoir. Mais ce n'est pas mon cas.
Quand je l'ai rencontré, j'ai senti chez cet homme de la bienveillance, mais aussi une forme de force que je ne soupçonnais pas. J’ai été rassuré, charmé, et j'ai pu finir le livre avec une énergie relancée.
