Marée blanche - Interview de l’auteur Gaël Séjourné
Gaël Séjourné (L’homme de l’année, Jour J, À la Vie à la Mort, etc.) nous démontre ses talents d'artiste en signant dessin, couleurs et scénario de sa dernière bande dessinée en date : Marée Blanche. Pour sa première expérience d’artiste complet nous lui avons posé quelques questions.
C’est votre première BD où vous signez dessin, couleurs et surtout scénario. Quel est la genèse de ce projet ?
Cela fait longtemps que j’essaie de trouver une histoire intéressante mais à chaque fois l’idée ne fait long feu. Je cherchais à satisfaire mes désirs de dessinateur avant tout, dans le registre du film noir notamment, quand je suis tombé par hasard sur un compte-rendu de fait divers sur Internet. J’étais alors en train de regarder les séries déclinées de l’univers du film Fargo, des frères Coen et j’ai tout de suite vu dans ce fait divers un point de départ idéal pour une histoire de ce genre. C'était loin de mes aspirations graphiques mais j'ai rapidement trouvé l'inspiration et le goût de dessiner des personnages ancrés dans la réalité contemporaine.
Avez-vous appris des ficelles de scénario avec les différents scénaristes avec qui vous avez collaborés ?
C'est difficile à dire. J’ai plus tendance à m’inspirer de la structure narrative des films que des bandes dessinées. À défaut d'avoir réalisé un polar des années 50, mon premier souhait, j'ai utilisé une structure narrative identique à ces films noirs, à savoir le personnage principal qui raconte son histoire, que l'on devine emprunte de fatalisme.
Sinon, Grégoire Seguin (éditeur) m’a toujours apporté des conseils avisés, particulièrement sur cet album. Il a su mettre le doigt sur une faiblesse du scénario et sans lui l’histoire n’aurait pas été tout à fait la même. J'ajouterai que ma rencontre avec Serge Perrotin, il y a plus de 25 ans, a été déterminante. À l’époque, j'ambitionnais de faire de la planche à gags pour Fluide Glacial, et c'est avec lui que j'ai fait mes premiers pas dans la bande dessinée réaliste, qui finalement offre un spectre plus large de possibilités.
Est ce que c’est plus facile de travailler sur un récit quand on en tire toutes les ficelles ?
Oui, une fois qu’on a trouvé l’histoire c’est certainement plus facile. Tout seul je pouvais décider de changer un dialogue ou une scène. Cependant on peut manquer de recul, d'un regard extérieur. Le directeur de collection fût là pour jouer son rôle, et je l'en remercie.
22 albums m'a apporté un minimum de confiance sur le côté graphique et mise en scène mais j'avoue que le doute est persistant en ce qui concerne le scénario. C'est pourquoi j'ai d'autant plus hâte d'avoir des retours sur cet album.
Il y a bon nombre de punchlines dans ce récit. D’où vous vient ce goût pour les bons mots et les dialogues ciselés ?
J’ai toujours aimé les jeux de mots, au sens propre comme au figuré. Déjà tout petit j’avais un dictionnaire sur ma table de chevet. J'ai rapidement été séduit par la plume de Brassens, René Fallet, Bobby Lapointe, Audiard, Coluche, Renaud, etc. Comme je le disais, à la base je rêvais de faire de la bande dessinée humoristique, donc je lisais Gotlib, Maester, Franquin, Binet… Jusqu'ici on ne peut pas dire qu'il y avait de l'humour dans les albums auxquels j'ai participé, mais quelques fois je proposais des dialogues ou des variantes de scène. Maintenant, que vous trouviez mes dialogues "ciselés", j’en suis ravi.
