Maharadchat, la nouvelle collaboration de Wilfrid Lupano et Relom
Découvrez une immersion sans concession dans l’univers injustement méconnu de l’agro-alimentaire félin ! Les auteurs Wilfrid Lupano et Relom ont répondu à quelques questions sur cette nouvelle BD.
Les origines de Maharadchat
Quelles sont les origines de Maharadchat ?
Wilfrid Lupano — J’ai une passion depuis toujours pour l’industrie alimentaire, et je voulais la partager avec le public. Cela me vient, je crois, du film L’Aile ou la Cuisse, seul film populaire à avoir abordé cette thématique extrêmement politique et civilisationnelle. J’appartiens à la génération Tricatel, moi. L’usine alimentaire est un peu le dernier espace inexploré sur la planète. Tout ce qu’on mange en provient, mais on ne communique jamais dessus, l’omerta règne. C’est plus facile de faire un reportage sur les backrooms du Vatican que sur une usine de bouffe, humaine ou animale. Donc forcément, ça invite au voyage et à la rêverie. C’était aussi l’occasion d’évoquer le monde impitoyable de l’entreprise, ses rapports hiérarchiques, et son approche technique des problèmes humains. L’entreprise réagit à la dureté et à la laideur du monde extérieur en s’y adaptant systématiquement. C’est un monde fascinant.
D’où tirez-vous vos inspirations pour le dessin et particulièrement pour les personnages principaux de la série ?
Relom — Ma principale source d’inspiration, c’est le scénario. Je lis et relis le script de Wilfrid Lupano une bonne dizaine de fois et l’histoire se dessine dans ma tête, les attitudes des personnages, leurs tronches, leurs expressions... L’écriture de Wilfrid est précise et juste, ce processus de « storyboard mental » se fait donc très naturellement. Ensuite je lui propose quelques croquis des personnages principaux afin d’être sûr de ne pas être à côté de la plaque par rapport à ses attentes, mais dans la plupart des cas ça colle avec ce qu’il souhaite.
Le travail collaboratif des auteurs
Qu’est-ce que votre collaboration avec Relom a de particulier sur ce titre ?
Wilfrid Lupano — Relom est un auteur total. Pour cette série, il est parti vivre plusieurs semaines comme manutentionnaire dans une usine de pâté pour chien du côté de Sochaux. Il n’a pas pu aller dans une usine pour félins à cause de son allergie et des pulsions de violence que lui inspirent les chats. N’empêche qu’il a été deux fois employé du mois, notamment dans sa période d’essai au « contrôle qualité ». Pour Traquemage, déjà, il était allé s’installer à la campagne et s’était lancé dans la production à son compte de fromages secs qui, à défaut d’être bons, faisaient de très acceptables pavés autobloquants.
De mon côté, je suis extrêmement reconnaissant à Relom d’avoir fait exister cet univers à travers son dessin. C’est encore plus beau que dans mes rêves les plus fous. Je ne doute pas que les lecteurs de Maharadchat, une fois passées les portes de l’usine, n’auront qu’une envie : que ça ne finisse jamais.


A-t-il été plus familier pour vous de travailler sur ce titre au regard de vos travaux précédents, notamment pour Fluide Glacial ?
Relom — Pas nécessairement. La passerelle m’a semblé plus évidente entre Traquemage et Maharadchat que si j’avais dû l’effectuer entre Fluide Glacial et Maharadchat. Traquemage et Maharadchat ont beau décrire deux univers totalement différents, ils ont énormément en commun, en commençant par le scénariste, le dessinateur et le coloriste. Et nous restons dans le même style d’humour, avec la même technique de dessin.
Mes travaux chez Fluide Glacial, également dans le registre humoristique, étaient cependant très différents de tout ça. D’abord je travaillais seul (scénario et dessin), l’humour était plus trash et volontairement provocateur. Ma technique graphique n’avait rien à voir avec celle que j’utilise pour les Éditions Delcourt... Et puis mes dernières séries chez Fluide Glacial datent d’il y a maintenant presque dix ans, alors que le dernier tome de Traquemage chez Delcourt est sorti en 2019.