Les Antres – 3 questions à Eric Puybaret
Il a pour habitude de faire rentrer tout un univers sur une toile pour une illustration. Quelques notes de couleurs et la magie opère. Mais lorsqu’on donne l’occasion à Eric Puybaret de prendre toutes les pages d’une BD pour terrain de jeu, c’est une symphonie qu’il compose au fil de la plume et du pinceau. Pour pénétrer dans son univers il faut passer par Les Antres mais attention ! Le voyage est réservé aux rêveurs aguerris !
C’est une nouvelle aventure éditoriale pour vous. Raconte-on les histoires de la même façon en album jeunesse et en BD ?
Oui en effet c'est une nouvelle aventure et une nouvelle manière d'aborder le récit. Les différences sont nombreuses et il me semble avoir pratiqué là un exercice complètement différent. Et j'ai bien aimé !!! Le texte jeunesse, à mon sens fonctionne comme une chanson. Sur un temps court, il faut mettre en place une histoire simple mais porteuse de sens avec un accent important sur la musicalité (rythme, vocabulaire, sonorités...) Dans cette bande dessinée j'ai gardé l'envie d'une certaine musicalité, mais j'ai pu rentrer dans plus de complexité, dans plus de finesse et aussi dans une sorte de "lâcher-prise". J'ai eu l'impression de vraiment m'exprimer.


Les Antres présentent un univers riche, dense, fourmillant. Vous le gardez en vous depuis longtemps ou est-il né à l’occasion de cette BD ?
L'idée d'un corps léger comme l'air, déplacé par les vents, trotte dans ma tête depuis très longtemps. C'est pour moi une manière d'aborder la question du destin. Ce corps est soumis aux aléas... Ici c'est dans le monde des morts, lieu où l'existence d'un tel corps peut paraître vraisemblable mais ça aurait pu être dans un rêve. Autour de ce héros, les personnages périphériques font partie de moi depuis longtemps (qu'ils aient vraiment existé ou non...) pour des raisons graphiques ou de goût personnel. Beaucoup d'entre eux évoquent aussi la notion de "destin".
Vous travaillez d’ordinaire sur toile, en a-t-il été de même pour cette série ? Pouvez-vous nous raconter comment vous avez dessiné ce livre ?
Non cette fois-ci je travaille sur du papier (rigidex) de couleur un peu crème. Une fois des esquisses plus ou moins nombreuses réalisées, je travaille directement à l'acrylique, au pinceau. Je fais les fonds de l'ensemble de la planche en mettant en avant les grandes zones d'ombres et de lumières. Puis je dessine quelques éléments plus précis, personnages, décors, au crayon rouge (pour anticiper la pose des couleurs très coquettes que sont le rouge et le jaune acrylique...) puis je termine case par case toujours au pinceau.
