Les 5 Terres – Découvrez le nouveau cycle avec une interview de David Chauvel
Les 5 Terres c’est 30 tomes prévus menés par une équipe de 7 artistes dont le fruit de leur collaboration dépasse de loin la somme des talents individuels. La saga animalière d’inspiration médiévale poursuit son aventure avec le tome 7 qui ouvre un nouveau cycle. Nous quittons l’île d’Angleon, fief des félins et plus puissante des nations, pour découvrir une nouvelle terre avec ses complots, ses allusions perfides, ses doubles jeux et ses envolées épiques.
- Les six premiers épisodes des 5 Terres se passaient à Angleon, le royaume des félins. Sur quel peuple et quelle terre s’ouvre ce tome 7 ?
David Chauvel - À Lys, terre des singes, et plus précisément à Alysandra, sa capitale. Cette fois, nous ne sommes plus sur une île, mais sur un continent, et nous n’allons pas nous intéresser à des querelles autour du lieu de pouvoir, mais au destin d’une famille de criminelles appelée Clan Du Sistre. L’histoire débute lorsque l’héritière du clan, la terrible Alissa, sort de prison. Et comme nous sommes encore et toujours dans le cadre d’un récit « multi-personnages », nous suivons également l’histoire d’une ancienne championne de boxe, l’arrivée dans la ville d’un énigmatique policier, les rêves de grandes découverte de deux étudiants en archéologie et bien entendu, le retour de Keona, ancienne otage à Angleon, parmi les siens.

- Est-ce que ce peuple vous a offert la possibilité d’aborder certains sujets en particulier ?

Il y a une thématique et un environnement. La thématique, c’est celle du mal. Sous toutes ses formes. Du point de vue criminel, du point de vue moral, du point de vue de la justice… Cette question traverse avec plus ou moins d’acuité l’ensemble des destins de nos personnages. L’environnement, c’est celui d’un matriarcat. Un vrai. Un dur. Un tatoué, si j’ose dire. À Lys, non seulement les femmes commandent, mais elles ont aussi tous les attributs de la supériorité sociale : la force physique, l’éducation, le patrimoine… Tout est rigoureusement inversé, par rapport à Angleon, par exemple, ou à notre monde. Une démarche que nous avons poussé jusqu’à changer les règles d’accords… Je pense que certains dialogues vont être quelque peu surprenants...
- Vous êtes trois scénaristes pour donner corps à tous ces peuples, mais est-ce que parfois la façon de dessiner de Didier Poli ou de Jérome Lereculey influence le devenir ou la nature de ces peuples ?
Bien sûr. Andoryss. Patrick et moi, nous avons toujours un mal de chien à élaborer les premiers temps du scénario, tant que nous travaillons « à l’aveugle », c’est-à-dire sans le moindre dessin. Tout est incroyablement difficile, même si nous sommes, quoi qu’il arrive, obligés de prendre de l’avance sur les dessinateurs. Et puis dès que les premiers dessins arrivent, tout s’éclaire, tout s’affine… On a vraiment la sensation de passer de l’obscurité à la lumière. Et forcément, ça influence notre écriture, et ça nous oblige à des retours en arrière sur ce qu’on a déjà écrit… Ce sont vraiment deux moments très différents dans l’écriture, ceux avec dessin et ceux sans… D’un autre côté, peut-être que ce premier temps d’écriture « aveugle » nous permet aussi davantage de liberté… Une absence de limites…

- Cette saga va compter 30 tomes ! Connaissez-vous déjà la fin ? Vous laissez-vous l’opportunité d’en changer la trajectoire suivant l’actualité ? Est-ce que cela a déjà été le cas ?
Nous ne connaissons pas la fin avec précision. Mais nous savons ce que raconte l’histoire. Quel est son thème principal, central… Sa colonne vertébrale. Nous avons aussi une idée de ce que raconte le troisième cycle… Et des choses pour les deux suivants. Mais nous nous gardons de très larges espaces de liberté, car les idées et envies viennent au fil du temps. Et certaines donnent naissance à d’autres, que nous utilisons un, deux ou cinq albums plus tard. Nous voulons que tout reste possible.


- David, tu te sens plutôt félin, plantigrade, primate, reptile ou cervidé ? Ou bien est-ce carrément Kirill qui te représente le mieux (haha rire forcé NDLR)
En tant que passionné de pêche en mer et de poisson, je me sens vertébré aquatique, évidemment. Malheureusement, dans notre série, les poissons servent uniquement de nourriture. Du coup, pour leur rendre hommage, j’envisage d’écrire une série qui leur serait consacrée… Ce sera : Les 5 Mers, bien sûr.