Interview de Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard, auteurs de La malédiction du pétrole
Fred Blanchard, directeur de collection et dessinateur, et Jean-Pierre Pécau, scénariste, reviennent sur les origines de cette bande dessinée.
Depuis plus d'un siècle, le pétrole est devenu une ressource indispensable à l'économique mondiale. C'est à la fois une richesse mais également une malédiction. Dans la BD La Malédiction du Pétrole, les auteurs se penchent sur l'histoire de cette ressource.
Les origines du projet par Fred Blanchard
Le projet de La Malédiction du pétrole a débuté par une conversation téléphonique avec Jean-Pierre. Nous étions en 2015 et nous réfléchissions à une nouvelle série qui exploiterait de façon plus réaliste des idées développées dans sa série-fleuve L’Histoire secrète, une série qui mêlait érudition géopolitique et éléments surnaturels. Il faut avouer que nous avions tous deux envie de nous frotter depuis quelques temps déjà à la bande dessinée documentaire.

Jean-Pierre revint vers moi quelques temps plus tard avec les premières ébauches de La Malédiction du pétrole, un documentaire racontant comment « l’or noir » a été utilisé pour construire des empires industriels et politiques, façonnant par là-même l’histoire du 20e siècle. Sujet passionnant !

Mais comment illustrer ce texte en évitant une approche trop didactique ? Rapidement, je fourmille d’idées. À partir du contenu de chaque case, j’imagine une illustration, une métaphore, une analogie… j’étais persuadé qu’il fallait faire appel à des images symbolistes pour en renforcer la puissance évocatrice. Faute de combattants prêts à prendre en charge ce titanesque projet, je finis par me résoudre à dessiner l’album de La Malédiction du Pétrole moi-même. Je me lançai alors à l’assaut du brillant récit concocté par Jean-Pierre. C’est ainsi que monstres, hydres et chimères furent convoqués pour représenter les multinationales et autres empires guerriers qui parsèment ce récit très noir.
La Malédiction du Pétrole par Jean-Pierre Pécau
La genèse d’un album est toujours une chose étrange. Dans le cas de La Malédiction du pétrole ça l’est encore davantage. L’histoire du pétrole en tant que moteur et malédiction du monde moderne m’a toujours passionné. Je propose donc une série classique à Fred, plusieurs albums de 56 pages avec un héros, un fil rouge, etc. Au cours de la conversation, il y a évolution, pourquoi ne pas changer radicalement notre fusil d’épaule ? C’est à ce moment-là que Fred propose une nouvelle piste : pourquoi ne pas faire un mook, à savoir un livre à forte pagination reprenant la formule de ces périodiques de forme hybride, entre magazine, revue et livre ?

Dans ces conditions plus de héros, une dramaturgie totalement différente, quelque chose d’innovant. Je dis banco ! Mais pourquoi au juste une histoire du pétrole ? À l’heure actuelle le chiffre d'affaires de l'industrie des pétroles est dix fois supérieur à celui de toute autre industrie, ce qui constitue une première bonne raison, mais il y en a d’autres…
Depuis dix ans, on repousse sans cesse le moment où l’on ne trouvera plus de pétrole sur Terre. Ce sera pour 2040 ? 2060 ? En tout cas, sûrement bien après que la catastrophe écologique du réchauffement climatique, dernière et ultime malédiction, nous ait obligés à nous en passer… Le pétrole est une drogue dure à laquelle l’humanité peine à tourner le dos.
