Erdogan – Le mot de l’auteur Can Dündar
Erdogan est un roman graphique est le fruit de la collaboration entre Jbr Anwar, dessinateur d’origine égyptienne, et Can Dündar, célèbre journaliste turc et fervent opposant au régime d’Erdoğan, menacé de mort, traîné devant les tribunaux, jusqu’à être victime d’une tentative d’assassinat. Exilé en Allemagne, il y a rejoint un collectif de journalistes qui cherchent à informer le monde des dérives du régime turc. Découvrez la bande-dessinée Erdogan en librairie.
J’avais remarqué que dans les librairies, le rayon « roman graphique » était de plus en plus riche. Alors je me suis dit : « Et pourquoi pas ? » Mon éditeur m’a présenté à Anwar, un opposant au régime, comme moi, qui lui aussi avait été contraint de fuir son pays. Berlin, la « ville des exilés », nous avait réunis.
« Je suis partant. On commence quand ? » m’a dit Mohamed.


Pour préparer ce livre, nous nous sommes basés à la fois sur des ouvrages écrits par des partisans d’Erdoğan, qui livrent pour ainsi dire le « récit officiel » de la vie du leader, et sur des enquêtes et analyses répondant aux critères d’objectivité du journalisme sérieux. Nous avons également croisé les déclarations d’Erdoğan avec les témoignages de proches qui l’ont bien connu. Nous avons rassemblé tous les livres publiés, tous les documents disponibles, tous les témoignages existants sur Erdoğan. Toutes nos données devaient être authentiques. C’est aussi le climat politique d’une époque que nous allons raconter, il faut que le lecteur soit sûr des faits.
Les archives de presse et de la télévision ont aussi été une source précieuse, parallèlement à celles fournies par les établissements scolaires fréquentés par Erdoğan, ainsi que celles de son premier employeur. Toutes nos informations ont été soigneusement recoupées avant d’être utilisées ; celles dont l’authenticité paraissait douteuse ont été exclues.
J’allais raconter la vie d’un homme qui était une menace non seulement pour moi, mais pour l’avenir de mon pays. Mais il me fallait vaincre ma colère, préserver mon objectivité de journaliste. Ces scènes le montrent en victime. Ça éveille la sympathie. Je dois m’intéresser aux faits ; pas me soucier de l’effet qu’ils produiront.


C’était comme écrire le script d’un film. Un film d’aventure, parfois d’horreur… Utilisons la métaphore de la montagne. Nous montrerons d’où il a commencé son ascension, ce qu’il a fait pour se hisser jusqu’au sommet. À mon sens, ce n’est pas juste l’histoire d’Erdoğan, c’est celle de tout l’islam politique depuis un demi-siècle…
Texte de Can Dündar pour Bande-Passante