En Falsh - Plongez dans le quotidien d'une banlieue française ordinaire
En Falsh – Plongée dans les banlieues françaises avec Oz
"On est là, on est là" Ils se plaisent à le répéter sans arrêt. Oui, ils sont là. Ils sont toujours là, en bas des blocs. Mais qui sont ces types ?
La bande dessinée En Falsh d'Oz et Sanchez raconte le point de vue des délinquants, les stratégies entrepreneuriales de jeunes en mal de pouvoir, cherchant à blanchir l’argent du trafic, et leur inéluctable affrontement avec les anciens qui tentent encore, depuis la prison, de contrôler le jeu.
En Falsh - Un projet de grande ampleur
Si le premier tome est une plongée dans un réseau d’une banlieue, le deuxième sera axé sur le combat des copropriétaires face aux nuisances, le troisième sur le remplacement de la prévention par la judiciarisation, le quatrième abordera le milieu hospitalier, le cinquième, enfin, l’éducation. Le tout, habité par des personnages traversant la série, dressant le portrait social d’une ville de banlieue, aujourd’hui, en France, et de ses habitants, décrits et racontés par l’un d’eux.
Guider le lecteur ? Je vais le jeter dedans plutôt. S'il ne trouve pas l'énergie pour nager, c'est qu'il se fout de la fiction où on le jette ou que l'eau est tiède.
En décortiquant le salaire des différents postes, le fonctionnement du réseau et son quotidien, tout devient plus compréhensible. Une agression dans le RER est la conséquence d’une déception amoureuse, le tabassage de deux jeunes voleurs est utile pour sécuriser la clientèle. Des protagonistes qui font tout pour exister socialement, accéder à une autonomie financière, et pourquoi pas, un jour, contracter un crédit sur quinze ans et devenir des « Jean Michel », qui n’habiteront plus chez leurs parents.

Le style graphique d'En Falsh
Je connaissais Sanchez depuis plusieurs années. J'avais dans les pattes un récit qui traite de drogue, de glande, de baston (un peu) dans la banlieue. Je ne voulais pas un trait typé aventure, qui aurait appuyé sur le côté action, alors qu'il n'y a presque que du dialogue. J'avais également du mal avec le rendu numérique, mais ça, c'est en règle générale. Étant photographe, le numérique me paraît souvent froid, lisse et trop clair.

À l'époque nous abordions le projet de manière totalement utopique. La question n'était pas de savoir ce qui était possible, mais ce qui conviendrait le mieux. On était des faussaires.
L'aquarelle me paraissait être un excellent choix, renforcé parce que je voulais quelque chose de "noble", pour contrebalancer le côté "street". Pendant plusieurs semaines, Sanchez s'est employé à développer sa technique au pinceau, avant de migrer vers une autre approche , plus proche de sa zone de confort.

C'est ici que l'on se rend compte que le boulot d'éditeur n'est pas seulement de gérer un bouquin, la qualité du scénario et sa lisibilité, les problèmes de rythme et les cadrages foireux. C'est également conseiller, ménager et gérer des auteurs.
Sous les conseils de David (Chauvel, l’éditeur de ce livre NDLR), je suis resté en retrait du processus de création, laissant à Sanchez l'espace et le temps nécessaire au développement de son propre style. La troisième version, située à mi-chemin entre les codes libres du roman graphique et la rigueur du manga, fut la bonne ! Nous avions gagné en précision sur les visages, en dynamisme et en lisibilité, prérequis incontournable dans un récit avec autant de personnages.
Je voulais quelque chose d’insaisissable, que les personnes soient identifiables, mais interchangeables

Le Making-of d'En Falsh
Découvrez les coulisses de la création de la BD En Falsh en vidéo avec Oz et Sanchez.
Textes et photos : Oz