a-bout-de-bras-bandeau.jpg
content
content

A bout de bras – Entretien avec les auteurs

Paru le 10.11.2021
L'actu BD

La vie des Frères Acariès arrive en BD avec À bout de bras ! Pour la sortie de ce livre au parcours passionnant, découvrez une interview des auteurs.

Illustrer des combats de boxe est un exercice difficile dont vous vous sortez avec brio, notamment avec la scène en vue subjective. Comment avez-vous appréhendé le défi ?

Sagar (illustrateur) : Je me suis toujours considéré comme un fan de films de boxe. Et en tant que dessinateur, je suppose que l'inspiration visuelle vient en partie des films. J'aime penser à la façon dont les mouvements sont chorégraphiés, comment ils encaissent les coups, à la façon dont un boxeur réagit à un coup de poing. Malgré tout, en dessinant le livre j'ai beaucoup appris sur les mouvements et les types de coups de poing.

Pour la vision à la première personne, qui était déjà proposée dans le scénario détaillé de JC, j'avais peut-être dans mon subconscient des images de Raging bull.

a-bout-de-bras-citation.jpg

Qu’est-ce qui, à la lecture du livre de Pierre Ballester, vous a convaincu d'en faire l'adaptation en BD ?

JC Deveney (Scénariste) : C’est Kris et Louis-Antoine Dujardin, qui s’occupent de la collection « Coup de tête » qui m’ont proposé de travailler avec Pierre Ballester sur ce projet. Les mondes de la boxe et du sport en général m’ont toujours intéressé, en tant que spectateur d’abord puis par les multitudes d’approches culturelles, historiques, sociales, politiques et fictionnelles qu’on peut avoir dessus. Je me suis très vite plongé dans la lecture de la biographie « Pieds Noirs, Poings nus » rédigé par Pierre et j’ai découvert un formidable condensé de tout cela.

La vie des frères Acariès est « bigger than life » ! Ils vont vivre des événements majeurs de l’histoire contemporaine (la guerre d’indépendance Algérienne, l’arrivée des pieds noirs en France), se balader aux 4 coins de la planète, de Bab-el-Oued à Las Vegas en passant par New-York et Paris, gagner, flamber, perdre et tout recommencer un nombre de fois incroyable que ce soit durant la carrière de boxeur de Louis Acariès ou celle de promoteur et d’entraîneur qu’ils vont mener ensuite en commun.

a-bout-de-bras-double-visuel-a.jpg

Au gré de vos recherches et documentations, qu’avez-vous appris que vous n'avez pas (faute de place) pu mettre dans la BD ?

JC Deveney (Scénariste) : L’écriture BD demande de la concision et on ne pouvait évidemment pas adapter l’entièreté de la biographie originale. Avec Pierre, nous avons alors fait le choix de nous focaliser sur la relation des deux frères, et sur comment ils vont grandir et évoluer ensemble, à l’aune de leur père, leur premier mentor et entraîneur. À bout de bras est bien évidemment une histoire de boxe et de combat mais c’est aussi une histoire de famille.

a-bout-de-bras-double-visuel-b.jpg

Pierre Ballester (Scénariste) : Pour avoir co-écrit le livre avec Michel Acariès puis avoir contribué à la scénarisation de la BD, je pensais en avoir fait (deux fois) le tour. Un album est forcément frustrant puisqu'il faut élaguer pour être efficace. Mais pour tout dire, la rédaction... des annexes m'a fait ouvrir l'œil et un champ nouveau : celui des gens qui, sans être des champions, voire des boxeurs, œuvrent autour des rings. À telle enseigne que je vais en faire un livre !

Qu’est-ce que le médium BD permet de plus ou de différent de celui du livre ?

Pierre Ballester (Scénariste) : Il permet de visualiser, de mettre des noms, de rapporter des scènes, de restituer des descriptifs sans pour autant atténuer l'imaginaire. Et la boxe, gestuellement spectaculaire, s'y prête, tout comme l'histoire des frères Acariès dans une Algérie colorée, violente. Ce médium force à être direct, concis, incisif. En outre, il faut avouer que le monde de la boxe n'est pas fanatique de la lecture sèche, type édition classique. L'album est un marchepied qui l'invite à suivre une histoire.

JC Deveney (Scénariste) : Un peu comme au cinéma, le récit de boxe est un genre à part en bande dessinée. Des auteurs et autrice comme Baru, Reinhart Kleist ou Nine Antico l’ont traité avec des approches marquantes et originales. J’avais envie, au travers des multiples combats de l’album, de proposer des points de vues différents sur le ring. On est tantôt dans le regard de l’entraîneur, du père spectateur ou de Louis Acariès lui-même. Par le mélange de dessins et de focalisations qu’elle permet, la bande dessinée était parfaite pour cela.

Sagar (Illustrateur) : La bande dessinée est à mi-chemin entre la littérature et support audiovisuel, elle donne forme au texte, elle aide à générer des images, mais grâce à l'espace entre les vignettes, les ellipses, elle est aussi capable de proposer au lecteur d'imaginer et de finir de construire dans sa tête les pièces manquantes.

a-bout-de-bras-double-visuel-a-2.jpg

a-bout-de-bras-double-visuel-b-2.jpg

Dans quelles mesures votre travail dans le théâtre et l'animation vous aide pour la réalisation de BD ?

Sagar (Illustrateur) : L'animation m'a toujours beaucoup aidé à comprendre le mouvement des personnages et à rechercher le dynamisme. Le théâtre, je pense, m’a aussi appris à appréhender l'espace. Mais surtout, les deux me permettent de travailler plus facilement en équipe, car le travail d'un dessinateur est généralement très solitaire. Et ainsi, on réalise qu'une bande dessinée comme celle-ci est l'œuvre de plusieurs personnes. Et que je n'ai pas forcément besoin d'avoir une vision très personnelle du scénario.

Quelles ont été les réactions des frères Acariès lorsqu'ils ont lu À Bout de Bras ?

Pierre Ballester (Scénariste) : Plutôt bonnes ! Les deux frères ne sont pourtant pas des BDvores... Louis avait reçu très favorablement l'idée. Quant à Michel, il trouve l'album très classe. Il est également ravi à l'idée que son petit-fils puisse ainsi connaître leurs vies respectives.

Découvrir l'album