Bâtisseurs - Viollet le Duc - Le mot de l'auteur
En 1845, Prosper Mérimée est déterminé à sauver Notre-Dame et décide de miser sur Eugène Viollet-le-Duc, un architecte qui n'a même pas son diplôme des Beaux-Arts. Le salut de la plus importante cathédrale de France repose sur les épaules d'un jeune homme inexpérimenté.
Salva Rubio et Eduardo Ocana reconstituent avec détails et passion comment Viollet-le-Duc sauva Notre-Dame… et le gothique français !
Tout de suite après le terrible incendie qui ravagea Notre-Dame de Paris en 2019, le débat fait rage : comment restaurer la plus fameuse cathédrale de France ? Comment la sauver de la détérioration et des dégâts du temps ? Et peut-être la question la plus sujette à controverse : à quoi doit-elle ressembler ?
Toutes ces questions ont déjà trouvé leurs réponses au XIXe siècle à travers la vie de Eugène Viollet-le-Duc. Aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, ils étaient très nombreux, en cette première moitié du XIXe siècle, à se montrer favorables à la destruction de Notre-Dame.


Les fureurs révolutionnaires avaient presque eu raison de la vieille cathédrale : la sacristie avait été détruite, la rosace sud endommagée, les statues décapitées, plusieurs cloches fondues... La cathédrale avait même fini par servir d’entrepôt à vin ! Sous la Restauration, les académies méprisaient l'architecture gothique, un art de "barbares" moyenâgeux.
À cette époque, Eugène Viollet-le-Duc voyage sans cesse et dessine, il apprend à aimer l'architecture médiévale ; il se désespère de voir que de si beaux bâtiments (« le vieil art français » dit-il) subissent depuis des années la ruine et la spoliation.
C’est Prosper Mérimée, fonctionnaire et écrivain à la vie intime très mouvementée, qui charge Viollet-le-Duc de restaurer des dizaines de monuments, de Vézelay à Carcassonne… Viollet-le-Duc apprend sur place, par le dessin, brique par brique et arc par arc, les murs porteurs, les contreforts, les arcs-boutants et les voûtes. Son manuel est l'œil, son école est le chantier lui-même avec ses maîtres et ses compagnons ; ses enseignants sont ces bâtiments que personne n'a regardés avec un tel amour depuis si longtemps. Le chantier de Notre-Dame débute en 1845. Pour le mener à bien, Mérimée présente à Viollet-le-Duc l'un des grands compagnons de sa vie, et aussi l'un des personnages les plus oubliés de l'histoire de la cathédrale : Jean-Baptiste-Antoine Lassus.

Texte de Salva Rubio pour Histoire & Histoires